mercredi 31 décembre 2008

Raison et sentiments, de Jane Austen

Titre original : « Sense et sensibility »
Édition : 10/18
Date : 1795
Nombres de pages : 374 pages



Résumé (d'après la note de l’éditeur d'Archipoche)

« Injustement privées de leur héritage, Elinor et Marianne Dashwood sont contraintes de quitter le Sussex pour le Devonshire, où elles sont rapidement acceptées par la bourgeoisie locale étriquée et à l'hypocrisie feutrée. L'aînée, Elinor, a dû renoncer à un amour qui semblait partagé, tandis que Marianne s'éprend bien vite du séduisant Willoughby. Si Elinor, qui représente la raison, dissimule ses peines de cœur, sa cadette étale son bonheur au grand jour, incapable de masquer ses sentiments. Jusqu'au jour où Willoughby disparaît... »,

Ce j'en pense

Le coup (de génie) m’a été fatal. Me voilà, comme beaucoup d’entre vous, atteinte du virus ravageur dénommé « Jane Austen ». Figurez-vous que ma première tentative s'était avérée infructueuse : rien du charme de l’Angleterre du 18ème siècle ou des péripéties des miss Dashwood n’avait chatouillé ma curiosité au-delà des cent premières pages.

Mais cette expérience fut la bonne. J’ai été happée littéralement par l’histoire et surtout par celle de Marianne, la plus jeune des sœurs Dashwood. C’est une héroïne si pleine de vie que son aventure avec le beau Willoughby m’a transporté – certes, jusqu’à ce que…(mais là, je ne dirais rien). D’ailleurs, ce jeune homme, même s’il n’est pas parfait, m’a ravie. Certes, il est lâche, imprudent et un tantinet cupide mais son étonnante vivacité d’esprit et sa pétulante jeunesse en fait le véritable pendant de la jeune Marianne. Quel couple harmonieux ! Aussi, l’aurez-vous deviné que cette dernière est davantage gouvernée par les sentiments : exaltée et souvent excessive, elle ne peut raisonnée quand il s’agit d’aimer. Ce qui la place aux antipodes de sa sœur aîné, Elinor, qui, en matière de sentiments amoureux, ne peut se laisser aller. Elle maîtrise ses émotions, non pas par honte ou par mesquinerie, mais véritablement par respect pour sa famille. Une grandeur d’âme sans pareil.

Ce que j’ai trouvé surprenant, car je ne m’y attendais pas, c’est l’habilité de Jane Austen à rendre son récit intrigant. Il est vrai que j’ai souvent été surprise par la tournure des événements et par la manière dont les personnages les perçoivent et nous les font savoir.

Enfin, au-delà de l’intrigue, le style de Jane Austen donne toute sa force au roman : raffiné, riche et savoureux, il est un véritable vecteur de plaisir pour les yeux et les oreilles – si comme moi, vous vous plaisez à lire à voix haute !

Je finirai donc ce billet sur trois mots : lisez-le absolument !

dimanche 28 décembre 2008

Et si je prenais quelques résolutions littéraires...

Qui dit nouvelle année dans quelques jours, dit nouvelles résolutions ! Et elles concernent bien entendu ma passion des livres et de la littérature. Pour cela, j'ai quelque envie de me fixer des objectifs - tous à ma portée, bien sûr ;-) - et de les écrire afin d'en garder une trace. En voici donc quelques-uns :

1° LIRE plus de classiques (issus de la littérature française ou étrangère) - un par mois, serait l'idéal

DÉCOUVRIR la littérature asiatique et sud-américaine - je me fixe 3 bouquins pour chaque continent (d'ailleurs, si vous avez des idées !?)

3° RELIRE des bouquins que j'ai déjà lus (je suis plutôt une lectrice affamée de nouveautés - mais c'est vrai qu'il y a tant d'univers à découvrir !)

4° FAIRE BAISSER ma Pal - eh oui ! comme beaucoup de lecteurs, je suis une acheteuse compulsive de livres (surtout de romans) ! Difficile donc d'avoir lu tous les livres de ma bibliothèque

5° TENIR à jour mon blog - un billet (voire deux) toutes les semaines serait parfait !


"5 objectifs" me paraît tout à fait raisonnable, donc je m'arrêterai là !

Je ferai un bilan à la fin de l'année 2009 en me demandant : "Que sont devenues ces belles résolutions du début de l'année ?". Il faudra que je réponde par une de ces propositions.

- réponse A : ce n'étaient que de belles paroles

- réponse B : "peu mieux faire"

- réponse C : suivies à la lettre, incroyable, non ?

Affaire à suivre...

mardi 23 décembre 2008

Amour, Prozac et autres curiosités..., de Lucia Etxebarria


Titre original : Amor, Curiozidad, Prozac y dudas
Date : 1999
Nombres de pages : 311 pages



Ce que j'en pense...

Le roman se présente sous la forme originale d'un abécédaire. Le principe est qu'à chaque lettre correspond un mot (ex : A comme Atypique) qui rentre en résonnance avec un pan de la vie d'un des trois personnages. Les trois protagonistes, Ana, Rosa et Cristina, sont des soeurs aux vies complètement opposées mais qui, au fil du récit, vont se rejoindre.

La première, Ana, est mariée à un homme très attentionné, avec qui elle a eu un petit garçon. Mais, cette vie bien rangée ne lui convient plus, c'est pour cela qu'elle développe un état dépressif sévère. Quant à sa soeur, Rosa, carriériste dans l'âme, a mis de côté tout ce qui avait trait, de près ou de loin, à des relations humaines (amoureuse, amicale, familiale). Enfin, la troisième, Cristina, la benjamine de cette fratrie, travaille comme serveuse dans une bar madrilène, après avoir brillament obtenu un diplôme de lettres. On pourrait dire que son credo se résume en deux mots : sexe&drogue.

Ce que j'ai apprécié dans ce roman, c'est le peinture de notre société contemporaine faite par l'auteur. A travers chaque portrait, on découvre des facettes de notre époque, qui apparaît comme totalement désabusée, excessive, empreinte de solitude et de remise en question (quel sens donné à notre existence ? telle me paraît l'interrogation principale) . Certes, il n'existe pas de modèle de vie représentatif de notre société actuelle mais chaque portrait fait percevoir les malaises qui envahissent notre société. Par ailleurs, l'auteur tend à montrer que les traumas de l'enfance sont indélébiles, qu'il ne sert à rien de vouloir les mettre de côté, qu'ils reviennent toujours au galop. Enfin, le langage de l'auteur est parfois cru, souvent drôle – mais un humour noir. Un livre qui se lâche pas, avant d'avoir tourné la dernière page.
Et un extrait pour finir (p261)

« Peut-être avons-nous un avenir, pourrons-nous nous acheter une maison un jour, faire vivre nos enfants ? C'est à peine si nous pouvons nous faire vivre nous-même, bien que l'on nous ait dit dans l'enfance que nous étions brillants, que nous avions la vie devons nous, que devions faire des efforts et travailler. Et nous avons obtenu les meilleures notes, et nous pouvons citer Heidegger et Foucault, à quoi bon ? Rien à quoi nous puissions croire. Nous pouvons juste espérer continuer à nous soûler, à nous droguer et à baiser de temps en temps. »

lundi 22 décembre 2008

Chroniques de San Francisco, Armistead Maupin

Titre original : « Tales of the City »
Date : 1978
Edition : 10/18
Nombres de pages : 382 p


Quatrième de couverture

« Les seventies sont sur le déclin, mais San Francisco, la fureur au coeurs et au corps, vibre encore d'une énergie contestataire. La libération sexuelle est consommée et s'affiche dans les rues aux couleurs d'enseignes et de néons tapageurs. Tout droit venie de Cleveland, Mary Ann Singleton, vingt cinq ans, emprunte pour la première fois les pentes du « beau volcan ». Elle plante son camp au 28 Barbary Lane, un refuge pour « chats errants ». Logeuse compréhensive et libérale, Mme Madrigalrègne en matriarche sur le vieux bâtiment qui abrite une poignée de célibataire : Mona, rédactrice publicitaire, son colocataire, Mickael, chômeur et disciple de l'« amour interdit » et le beau Brian Hawkins, coureur de jupons insatiable. »


Ce que j'en pense...

Ecrit sous forme de courts chapitres, Chroniques de San Francisco nous raconte les aventures de Mary Ann Singleton, fraîchement débarquée de Cleveland et des autres locataires du 28 Barbary Lane où ils s'installent dans les années 70.

Mon avis est assez confus. En effet, j'aurai aimé m'attacher aux personnages, me plonger sans attendre dans le deuxième tome mais, malheureusement, la magie n'a pas opéré. L'omniprésence des dialogues, et de ce fait, la maigre proportion de descriptions ne m'a pas permis de m'imaginer les personnages et de m'imprégner pleinement de l'atmosphère de ce roman. Aussi, j'ai lu ce roman comme si je regardais une bonne série américaine : les situations sont souvent comiques, un brin désespérées et en cela, ce roman est plaisant à lire. L'histoire du personnage de Vincent, protagoniste pourtant secondaire, m'a beaucoup fait rire : bénévole dans une association qui aide les personnes suicidaires, il est lui-même paradoxalement complètement dépressif (lorsque Mary Ann le rencontre, il s'est déjà coupé une oreille et un bout de doigt !). (Je vous l'accorde, j'ai peut-être un sens de l'humour un peu cynique !)

Outre des séquences assez drôles, j'ai apprécié de (re)découvrir les moeurs des années 70 où liberté et excès étaient les maîtres-mots de tous ce petit monde. Liberté sexuelle assumée, consommation de psychotropes à outrance, culte de la nature (nourriture bio, harmonie du corps et de l'esprit), tout cela transparaît dans ce roman et finalement, on cerne mieux certains aspects de cette époque. Pour vous donner un exemple d'une situation qui reflète l'esprit des années 70 : les supermarchés sont des haut-lieux de la drague où chacun essaie de trouver l'âme-soeur parmi les fruits et légumes. Assez hilarant !

En somme, ce n'est pas un réel coup de coeur mais si vous souhaitez passer un moment sans vous prendre la tête, je vous le conseille!

Celles et ceux qui ont aimé : Clochette, Kassineo

jeudi 4 décembre 2008

Et si je participais à...

...Challenge ABC 2009 !


J'aime les défis. Et j'aime encore plus quand la barre est haute ! Alors, je me suis décidée à participer à ce challenge de l'année 2009. Le principe est simple (et, en même temps, pas forcément aisé à mettre en oeuvre) : trouver 26 auteurs dont le nom de famille correspond aux 26 lettres de l'alphabet.

Pour me donner un peu de grain à moudre, j'ai fureté dans le livre de Stéphanie Janicot, 100 romans de première urgence, découvert sur le site d'Allie (A l'heure du thé) et je dois dire que beaucoup de romans m'intéressaient donc j'ai fini par remplir ma liste à peu près grâce à cet ouvrage. Tous ces livres ont en commun de traiter une problématique à laquelle chacun d'entre nous a pu être confronté durant sa vie (la mort, la jalousie...).

Il me manque cependant le Q, R, U et Y donc si vous avez des idées, n'hésitez pas à me suggérer quelques romans que vous avez aimés !

J'ai trouvé d'autres romans pour compléter mon abécédaire que je vais faire publier de ce pas pour être fin prête le 1er janvier pour dévorer tous ces ouvrages ! Les livres rajoutés n'ont pas de thématiques particulières, je les ai piochés sur divers blogs littéraires au hasard...


Adichie Ngozi Chimamanda, L'hibiscus pourpre

Balzac Honoré de, La cousine Bette

Colette, La Chatte

Djeba Assia, Ombre sultane

Etxeberria Lucia, Amour, L'amour en équilibre

Fayette La, La princesse de Clèves
Gibbons Kaye, Ellen Foster
Harrisson Jim, Dalva
Irving John, L'épopée du buveur d'eau
Japrisot Sébastien, Un long dimanche de fiançailles
Katzir Judith, La mer est là, ouverte
Lowry Malcom, Au-dessous du volcan
Miano Léonora, Contours du jour qui vient
Nair Anita, Compartiment pour dames
Oates Carol Joyce, Confessions d'un gang de fille
Pizan de Christine, La cité des dames
Quignard Pascal, Vie secrète
Rufin Christophe, Le parfum d'Adam
Senna Danzy, Demi-teinte
Tolstoï Léon, La mort d'Ivan Illitch
Upfield Arthur, La mort d'un lac
Vollman T. William, Treize récits, treize épithaphes
Woolf Virginia, Orlando
Xinran, Les funérailles célestes
Yoshikawa Eiji, La Pierre et le Sabre
Zweig Stefan, Vingt-quatre heures dans la vie d'une femme

samedi 29 novembre 2008

Les armoires vides, de Annie Ernaux

Edition : Gallimard - Collection : Folio

Date : 1974

Nombres de pages : 182 p



Ce que j'en pense...



Les armoires vides est un livre que j'ai véritablement aimé. Certes, le style peut être difficile de prime abord mais, plus le récit avance, plus le style haché, saccadé, empreint d'oralisation, devient nécessaire pour décrire les sentiments âpres de Denise Lesur à l'égard de son milieu social.


Fille de cafétier et d'épicier, Denise est une enfant heureuse pendant ses premières années d'existence où elle passe le plus clair de son temps au café ou à l'épicicerie. Puis, vient le temps où elle doit aller à l'école, la libre pas la communale. Et là, c'est le choc des cultures : Denise comprend qu'il y a un espace, enfin plutôt un gouffre entre son éducation et celle que l'école lui inculque ou celle qu'elle peut observer chez ses nouvelles camarades. Au début, elle jongle très bien entre ces deux milieux, se sentant plus à l'aise dans le monde du bistrot, parmis sa faune si particulière. Puis, les années passant, elle en vient à execrer tout ce qui a lien, de près ou de loin, à cette sphère populaire où tout est sale, excessif et peu conforme au bon goût.

C'est pourquoi Les armoires vides est un roman sur la souffrance qu'engendre la jalousie, la honte et les humiliations de ne pas faire partir de ce monde des « gens distingués ». Comment accepter encore d'évoluer dans un monde, à l'aspect peu ragoûtant, quand on a goûté aux joies des activités intellectuelles, au plaisir d'être en compagnie de personnes cultivées et distinguées...

« J'ai été coupée en deux, c'est ça, mes parents, ma famille d'ouvriers agricoles, de manoeuvres, et l'école, les bouquins, les Bornins. Le cul entre deux chaises, ça pousse à la haine, il fallait bien choisir. Même si je voulais, je ne pourrais plus parler comme eux, c'est trop tard. « On aurait été davantage heureux si elle avait pas continué ses études ! » qu'il a dit un jour. Moi aussi peut-être.»

C'est une oeuvre que l'on peut trouver excessive – comment peut-on à ce point détester ces parents ? - mais, à bien des égards, elle interroge, elle dérange, elle trouve un écho ou pas dans nos pensées les plus profondes. N'est-ce pas cela la littérature ?


Une oeuvre sans concession qui m'a beaucoup parlée.

« La maîtresse parle lentement en mots très longs, elle ne cherche jamais à se presser, elle aime causer, et pas comme ma mère. « Suspendez votre vêtement à la patère ! ». Ma mère, elle hurle quand je reviens de jouer « fous pas ton paletot en boulichon, qui c'est qui le rangera ? Tes chaussette en carcaillot ! »