mardi 23 décembre 2008

Amour, Prozac et autres curiosités..., de Lucia Etxebarria


Titre original : Amor, Curiozidad, Prozac y dudas
Date : 1999
Nombres de pages : 311 pages



Ce que j'en pense...

Le roman se présente sous la forme originale d'un abécédaire. Le principe est qu'à chaque lettre correspond un mot (ex : A comme Atypique) qui rentre en résonnance avec un pan de la vie d'un des trois personnages. Les trois protagonistes, Ana, Rosa et Cristina, sont des soeurs aux vies complètement opposées mais qui, au fil du récit, vont se rejoindre.

La première, Ana, est mariée à un homme très attentionné, avec qui elle a eu un petit garçon. Mais, cette vie bien rangée ne lui convient plus, c'est pour cela qu'elle développe un état dépressif sévère. Quant à sa soeur, Rosa, carriériste dans l'âme, a mis de côté tout ce qui avait trait, de près ou de loin, à des relations humaines (amoureuse, amicale, familiale). Enfin, la troisième, Cristina, la benjamine de cette fratrie, travaille comme serveuse dans une bar madrilène, après avoir brillament obtenu un diplôme de lettres. On pourrait dire que son credo se résume en deux mots : sexe&drogue.

Ce que j'ai apprécié dans ce roman, c'est le peinture de notre société contemporaine faite par l'auteur. A travers chaque portrait, on découvre des facettes de notre époque, qui apparaît comme totalement désabusée, excessive, empreinte de solitude et de remise en question (quel sens donné à notre existence ? telle me paraît l'interrogation principale) . Certes, il n'existe pas de modèle de vie représentatif de notre société actuelle mais chaque portrait fait percevoir les malaises qui envahissent notre société. Par ailleurs, l'auteur tend à montrer que les traumas de l'enfance sont indélébiles, qu'il ne sert à rien de vouloir les mettre de côté, qu'ils reviennent toujours au galop. Enfin, le langage de l'auteur est parfois cru, souvent drôle – mais un humour noir. Un livre qui se lâche pas, avant d'avoir tourné la dernière page.
Et un extrait pour finir (p261)

« Peut-être avons-nous un avenir, pourrons-nous nous acheter une maison un jour, faire vivre nos enfants ? C'est à peine si nous pouvons nous faire vivre nous-même, bien que l'on nous ait dit dans l'enfance que nous étions brillants, que nous avions la vie devons nous, que devions faire des efforts et travailler. Et nous avons obtenu les meilleures notes, et nous pouvons citer Heidegger et Foucault, à quoi bon ? Rien à quoi nous puissions croire. Nous pouvons juste espérer continuer à nous soûler, à nous droguer et à baiser de temps en temps. »

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